• LE JOUR J

      

    6 juin 1944. Une aube blafarde se lève sur les côtes normandes. Des nuages bas, une mer grise, agitée. Une matinée comme les autres pour les centaines de guetteurs allemands qui, depuis de semaines, scrutent anxieusement l'horizon ? En réalité, les dieux en on décidé autrement. Overlord, le débarquement tant attendu, est en marche. Une immense armada est à la mer. Des centaines de navires convergent vers les côtes de France. Soudain, l'orage éclate. En vagues successives, des essaims de bombardiers font pleuvoir une grêle de bombes sur les défenses allemandes. Emergeant de la brume, les bâtiments de guerre prennent la relève, et des milliers d'obus de tout calibre s'abattent sur les fortifications du mur de l'Atlantique qui disparaissent dans la poussière et la fumée. Bientôt, c'est l'heure de l'assaut. Les landing craft approchent, s'immobilisent. Lourdement chargés, le cœur étreint par l'angoisse, les hommes sautent dans les vagues écumeuses tandis que la riposte se déchaîne. Des centaines de points lumineux s'allument sur les falaises "comme les plots d'un immense billard électrique". De là commença… LE JOUR LE PLUS LONG.

     

     

    CHAPITRE I 


    STRATEGIE DE LA GUERRE - ELABORATION PROGRESSIVE DES DECISIONS ALLIEES

      

    « You will enter the continent of Europe and, in conjonction with the other United Nations, undertake operations aimed at the heart of Germany and the destruction of her armed forces... » (« Vous pénétrerez en Europe, et conjointement avec les autres nations unies, vous entreprendrez des opérations dont le but sera le cœur de l'Allemagne et la destruction de ses forces armées... »).

     

      

    Tel est le libellé de la mission donnée au général Eisenhower, commandant des forces expéditionnaires alliées. Dans sa simplicité, cette directive exprime le but même de la guerre ; une certitude qu'il convient, pour les chefs alliés, de faire réussir, et pour Hitler, de faire échouer.

     

    Le 17 septembre 1940, Hitler renonce à envahir l'Angleterre alors que le moment en était favorable.

     

    Il donne l'ordre à la marine allemande de concentrer ses efforts contre le trafic maritime entre Angleterre et Amérique : la bataille de l'Atlantique déjà ouverte va s'amplifier. 

      

    A l'inverse, Churchill prévoit d'ores et déjà qu'il sera un jour nécessaire de faire retour sur le continent. Les relations entre Grande-Bretagne et États-Unis à partir de juillet 1940 se multiplient et se resserrent. 

     

    Successivement sont mises en vigueur des mesures d'échange et d'assistance, prêts de navires, fourniture de matériels compensant les pertes de la campagne de France, extension de la zone américaine de sécurité et de patrouille dans l'Atlantique... La progression de cette aide sera couronnée par le vote le 8 mars 1941 de la loi prêt-bail (Land-Lease Bill) par le Sénat américain.

      

    L'ouverture des hostilités entre le Japon et les États-Unis instaure une phase nouvelle. Immédiatement après Pearl Harbor, Churchill et Roosevelt se réunissent à Washington en décembre 1941 (conférence Arcadia).

      

    C'est la deuxième conférence des chefs d'États alliés; la première a eu lieu en août 1941 à Terre-Neuve et a abouti à la formulation de la « charte de l'Atlantique ». 
     

    Les ressources américaines sont immenses, mais en janvier 1942, la puissance de l'axe Allemagne - Italie - Japon est en fait à son zénith. Elle est victorieuse partout, en Russie, dans le Pacifique, en Atlantique, en Méditerranée ... Après l'arrêt de cette expansion, la reconquête de la liberté maritime est une des conditions préalables d'une traversée en force de la Manche par les Alliés. 

      

    La victoire navale américaine de Midway, au milieu du Pacifique, le 4 juin 1942 marque le tournant de la guerre. C'est le premier revers des puissances de l'Axe. Celles-ci ont volé jusque-là de réussites en succès, et Midway, le premier coup d'arrêt, fait peu à peu passer l'initiative du côté des Alliés. Le déclin apparaît à l'horizon mais pour le moment il est encore loin.

      

    La menace sur l'Europe de l'Ouest sera entretenue par des attaques aériennes, des mesures de déception, des raids de commandos tel celui de Dieppe en août 1942. Ce débarquement, très coûteux pour les Canadiens qui le mènent, confirme la valeur de la défense allemande et donne aux Alliés des indications utiles sur son organisation.

      

     Le commandement allemand le place au niveau d'un débarquement plus que d'un raid à objectif limité. Il en grossit l'insuccès, il en acquiert une confiance excessive dans sa propre capacité de réaction défensive.

      

    En janvier 1943, Roosevelt et Churchill se rencontrent à Casablanca. Ils prennent la décision de réunir en 1943 les conditions préalables nécessaires à la réalisation du débarquement sur le continent en 1944, notamment la condition sine qua non de gagner la bataille de l'Atlantique, mais aussi grâce à cette liberté maritime reconquise réunir en Angleterre une force d'au moins 40 divisions, et enfin diminuer la capacité industrielle allemande actuellement toujours croissante par une campagne de bombardements aériens. La conférence de Casablanca ajoute à ces décisions concrètes une déclaration de principe « La guerre sera poursuivie jusqu'à la reddition sans condition des puissances adverses.». Cette déclaration en ne laissant au peuple allemand aucune autre issue que la lutte sans espoir est susceptible de prolonger la guerre.

     


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